Ouvrir le champ des connaissances des personnes détenues sur le spectacle vivant et la littérature, créer des passerelles entre le monde carcéral et la société, tel est l’objectif des parcours d’actions culturelles mis en place avec le Grand R dans les établissements pénitentiaires de Vendée, avec le soutien de la DRAC et du SPIP.

En janvier, autour du spectacle jeune public Ploc, des pères de famille détenus avaient déjà été invités à vivre l’expérience d’une représentation publique destinée aux enfants.

Ce mercredi 6 février, à la maison d’arrêt de La Roche-sur-Yon, ils étaient 7 à préférer, à la promenade matinale, l’atelier / spectacle proposé : une approche de la danse et de l’univers à la fois classique et hip hop du danseur-chorégraphe d’Amala Dianor, avec ses créations Man Rec et The Falling Stardust.
Ils ont ainsi passé près de deux heures avec Amala Dianor, accompagné par Mathilde Le Magueresse, attachée aux relations publiques du Grand R, et en compagnie de Séverine Crouzet, coordinatrice culturelle dans les deux maisons d’arrêt vendéennes, à La Roche-sur-Yon et à Fontenay-le-Comte.

 « Man Rec » et atelier dansé

« Vous avez déjà dansé ?
– En boîte de nuit, oui ! (Rires)
– Eh bien là, je vous propose de danser avec moi. » (Silences gênés)

Dans cette petite pièce, après avoir dansé une partie de son solo créé en 2014, Man Rec (« Seulement moi » en langue wolof), le danseur-chorégraphe au tee-shirt flanqué d’un « JUST DO ART » a pourtant réussi son pari ; les corps se sont levés, gentiment incités par la joyeuse humeur d’Amala Dianor, se sont progressivement échauffés, ont effectué quelques pas et exercices de base.
« Avec les mains, tu vas chercher à faire des cercles. Et l’idée après, c’est de grandir. »
« Fermer les yeux. Marcher les yeux fermés. Écouter. Entendre. Comprendre ce qui se passe autour de soi et chercher l’endroit où on est tout seul. »
Les corps et les esprits se sont détendus, les interactions ont à nouveau convoqué les rires.
« Maintenant, je vous invite à tous reprendre ce mouvement précis. Comment ça devient son truc à soi ? On en fait quelque chose de personnel. »
La danse est apparue.

On regarde, on se projette, mais on ne prend jamais le temps de se projeter autrement. La danse, c’est l’ouverture de chemins. C’est un espace de liberté. Tant qu’on est fidèle à soi-même, ça devient autre chose. Et cette chose-là, qui n’appartient qu’à soi, est tout aussi intéressant. Ça permet d’exister et de parler autrement.

© DR

Autour de « The Falling Stardust »

Deux des participants avaient pu assister, la veille, à la représentation scolaire de The Fallling Stardust au Grand R, salle du Manège. Avis unanime : « Cétait pas mal, le hip hop et le classique mélangé, ça fait un drôle de changement, mais ça va ensemble, oui, c’était vraiment pas mal. »
« Aller voir un spectacle de danse était pour nous quelque chose d’un peu nouveau, cela donne envie de renouveler l’expérience », a conclu Séverine Crouzet.

 

Les participants ont aussi la primeur du teaser encore en cours de réalisation de The Falling Stardust.

À suivre en mars : deux rencontres d’auteurs

En mars 2019, deux rencontres d’auteurs seront organisées, autour desquelles sont prévues des actions :

  • L’une avec le bédéaste Alfred à la maison d’arrêt de La Roche-sur-Yon. En amont le pôle littérature interviendra pour aborder l’œuvre de l’auteur et en aval les détenus bénéficieront d’un atelier d’écriture et ceux qui y seront autorisés viendront assister à la lecture musicale et dessinée au Théâtre.
  • L’autre avec la poète Sophie G.Lucas qui rencontrera les personnes détenues de Fontenay-le-Comte. Les mêmes actions seront mises en place en amont et en aval.

À l’automne 2019, les maisons d’arrêt accueilleront un spectacle en décentralisation et un auteur.