Le Grand R et le Département de Vendée maintiennent des liens à distance avec des bénéficiaires du RSA grâce au projet Écriture et insertion.

La Scène nationale Le Grand R et le Département collaborent depuis la saison dernière dans le cadre de la mise en place d’un cycle d’ateliers d’écriture mené par pôle littérature du Grand R – Scène nationale, à destination de personnes bénéficiaires du RSA et suivies par le PLIE ou les assistantes sociales.

Ce cycle d’ateliers, intitulé Écriture et insertion, dont l’objectif est de permettre à des personnes en réinsertion d’appréhender leur situation personnelle et/ou professionnelle de façon active et positive, avait débuté en octobre dernier et devait se terminer en juin. Un projet qui s’inscrit dans le cadre des missions de service public portées par Le Grand R.

Le 13 mars, début du confinement…  Chacun reste chez soi.

« Avec Roselyne Meyer, du PLIE (Plan local pour l’insertion et l’emploi de La Roche-sur-Yon Agglomération), nous nous sommes très rapidement demandé comment maintenir le lien. Après un contact téléphonique avec les bénéficiaires, il s’est avéré que tous exprimaient un manque : leur participation aux ateliers d’écriture, une activité qui les reliaient les uns aux autres. Sophie Dugast, chargée de mission du pôle littérature du Grand R, a alors de suite proposé d’envoyer des consignes d’ateliers par mail à chacun d’entre eux. Et je me charge moi-même de les remettre en mains propres à Jérôme qui n’a pas accès à Internet, de récupérer ses écrits et de les envoyer scannés à Sophie. Et  le lien ne s’arrête pas là, puisque tous les participants partagent leurs écrits par mails », explique Aude Barreau, assistante sociale du SIPAS (Service de l’insertion, de la prévention et de l’accompagnement social).

Jérôme (ci-dessus) explique être ravi de ces échanges, même si le groupe lui manque, et précise, au sujet des ateliers Écriture et insertion : « C’est positif pour moi, ça fait du bien, ça nous ouvre sur l’extérieur. »

Sophie Dugast, du Grand R, développe dans l’entretien téléphonique ci-dessous le déroulement de ces ateliers et l’importance du maintien de ce lien à distance.

– Comme tout le monde, on a été saisi par ce qui s’est passé. […] On a souhaité néanmoins être réactif et agile par rapport aux groupes que nous avions déjà en ateliers d’écriture et en l’occurrence le groupe Écriture et insertion. Nous avions été mobilisés par les assistantes sociales (…) et il nous a semblé tout à fait pertinent et à notre place en tant que pôle littérature au Grand R de rester à leur côté. […]

– Elles sont 9 personnes […] II y a eu (pour le moment) 3 consignes. […] L’idée était de leur laisser du temps pour répondre. […] C’était joyeux de voir qu’ils étaient assez timides sur la 1re consigne et beaucoup plus réactifs et joyeux sur la 2e. Je crois qu’il a fallu aussi un petit peu tranquilliser les personnes qui avaient l’habitude […] de la Maison Gueffier.

– On va continuer ce lien parce que le groupe est en place, que cela a du sens. Nous mettons tout en œuvre pour continuer cette collaboration depuis maintenant deux ans, qui porte ses fruits, […] qui rend encore plus citoyenne la littérature, et on a toute la mobilisation et l’élan pour ça.

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Entretien téléphonique avec Sophie Dugast

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Mathilde Gasulla (photo ci-dessous), l’auteure du texte lu par Sophie au cours de l’entretien téléphonique, précise elle aussi :

« Je suis habituée à la création solitaire. Mais en nous réunissant dans un atelier d’écriture, nous partageons et recevons beaucoup les un·es des autres. J’ai répondu présente à l’appel de Sophie Dugast et Aude Barreau qui, par leur infinie envie de partage, ont mis en place ce système tout simple de consignes d’écriture par mail. Chacun·e est libre d’y répondre ou non, de lire les textes envoyés ou non, de les commenter ou de rester coit·e – comme dans tout atelier. L’ambiance bienveillante que nous avions installée pendant les ateliers en présence physique se ressent autant dans ces échanges de mails, et c’est magnifique. S’il est plus facile de trouver le temps ou l’envie de s’y mettre lorsqu’on s’assoit tous·tes dans la même pièce, il m’a semblé aussi rafraîchissant de rassembler mes affaires chez moi et de m’installer où bon me semble. Le jardin, le salon, avec les chats ou un peu d’encens – on peut bien écrire n’importe où, n’importe quand, pourvu qu’on y sente toujours cette petite magie de créer, ensemble, quelque chose à partir de rien ! »

Aude Barreau souligne enfin : « Le Département et la Scène nationale proposeront aux participants de reconduire leur inscription à cet atelier la saison prochaine, et nous inviterons aussi d’autres personnes à s’y joindre, puisque nous pouvons monter la jauge à 12 personnes. Le projet Écriture et insertion va continuer ! »

 

Nos mots sont des atouts, des baumes.

Prendre soin de soi et des autres, c’est aujourd’hui prendre soin de son langage. Quand on ne peut ni embrasser ni enlacer ceux qui nous sont chers, quand nos sourires sont masqués, il nous reste les mots, leur portée, leur intention, leur sonorité, leur pulpe. Prendre soin de notre humanité, c’est donc aujourd’hui et plus que jamais faire attention à ce que l’on dit, à ce que l’on écrit, comment on le dit et comment on l’écrit. Nos mots sont des atouts, des baumes. Il faut en prendre soin.
(Sophie Dugast)

 

Merci à Antoine Antier, de la Direction de l’Insertion et de l’Accompagnement Social / Service Insertion par l’Emploi – CLIE Roche Sud, auteur de la photo de Jérôme ainsi que de la photo de couverture de l’article, avec Jérôme et Aude Barreau, assistante sociale.