Pour Kossi Efoui, dramaturge et romancier togolais exilé en France depuis 1992, la parole est le signe incontestable de la liberté et de ce qui fonde l’humanité.
Les livres de Kossi Efoui sont des chants. Des chants d’amour et d’émancipation. Peut-être plus que tout autre, Une Magie ordinaire, son dernier roman, entre lui aussi dans cette catégorie. Ce texte relève de l’essai, de l’autobiographie, du poème. Le déclencheur de ce récit bouleversant, c’est un appel téléphonique d’un frère perdu de vue, annonçant que leur mère est au plus mal, à l’hôpital de Lomé. La mère qui lui a dit vingt ans plus tôt : « Va vivre. Va vivre ailleurs et ne reviens plus. ». La mère qui chante pour exorciser « les choses dures ». Qui lui a prédit qu’il écrirait « sur le mensonge ». Qui l’implore de quitter le pays. Qui le sauve et le fait entrer en littérature.
De ce portrait d’une femme joyeuse, inspirée et aimante, d’une mère courage dans un monde d’absolu dénuement, surgit une grâce mystérieuse qui se confond avec la genèse d’une vocation d’écrivain.
Kossi Efoui, né dans le golfe de Guinée, vit actuellement à Nantes où il se consacre en partie au théâtre. Une Magie ordinaire est son sixième roman, après Solo d’un revenant (2008, prix des Cinq Continents de la Francophonie), L’Ombre des choses à venir (2011) et Cantique de l’acacia (2017).
On ne va pas toujours
mettre des mots sur
des choses comme
on met des cadenas
aux portes.L’ombre des choses à venir, Seuil, 2011
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